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Le 1er juin 1910, Pierre Garanger, fermier de la Borderie, a achevé une semaine d’exercice au 71e Régiment territorial d’infanterie, à Angers, avec notamment Ernest Buineau, fermier de Belle Poule, de la même classe 1895. Il est en effet passé 8 mois plus tôt dans l’Armée territoriale le 1er octobre 1909.

Cette « période d’exercice » correspond au parcours "normal" d’un conscrit de la IIIe République. Considéré "Bon pour le service" par le Conseil de Révision à Seiches, chef-lieu du canton, il sera incorporé au 135e Régiment d’infanterie du 2 novembre 1896 au 18 septembre 1897. Un service court, en qualité de fils unique de veuve : la dispense article 21 de la loi du 15 juillet 1889 autorise- en temps de paix- le retour au foyer au bout d'un an.

Pierre GARANGER, "pépère"  infirmier
►Détail des services de Pierre Garanger , Registre matricule Angers 1895- 1 , ADML (détail)
○ Suite à la décision du Conseil de Révision à Seiches, Pierre Garanger  est classé dans la 2e partie (regroupant les dispensés), et n’effectuera qu’un service militaire court d’un an, au lieu des 2 habituellement. Il est rappelé comme on peut le lire sur sa fiche, le 6 aout 1914  au 71e Territorial. Pierre Garanger passera au 68e Territorial (Poitiers) en octobre 1916 avant de rejoindre la 8e section d’infirmiers fin janvier 1917…pour un an. Il passera la dernière année de la Guerre au sein du 64e Territorial (Nevers), avant sa démobilisation le 2 janvier 1919. Jamais il n’a rejoint la Zone armée, comme % des soldats engagés . 

Lui, il est né à Bauné, le 10 juin 1875, fils de Jean et de Célestine Delhumeau…mais après la naissance de sa sœur Célestine, en 1869, ses parents se sépareront et son père ne le reconnaîtra pas. Il s’est installé dans la commune de Lézigné en mars 1902…après avoir résidé 3 années à Saint Barthélémy à partir de 1898, puis 1 an à Seiches.

Comme tout réserviste de l’Armée active, une fois son service fait, il va effectuer 2 périodes d’exercices de 4 semaines à Angers : une 1ère au 135e, caserne Desjardins, en septembre 1902 (il vient de se marier à Marie Françoise Chartier, à la mi-juin) et une 2e au 335e, en septembre 1905. Entre temps un premier fils lui est né : Louis, en 1903….suivront Joseph en 1907 et Auguste en 1909.

Pierre GARANGER, "pépère"  infirmier
Pierre GARANGER, "pépère"  infirmier
►Mariage de Pierre Garanger avec Marie Françoise Chartier, 10 juin 1902 - Registre d’Etat civil , 1893-1902 Archives municipales, 1 E 2/11
 Pierre Granger a épousé Marie Françoise Chartier en 1902. Ils auront 3 enfants, 3 fils tous nés à Lézigné : Louis (en 1903), Joseph (1907), Auguste (1909). Enfin, une fille naîtra après son retour de la Guerre, Marie Louise Georgette, le 8 mars 1922. 

Alors que ce 3e fils vient de naître, Pierre Garanger, alors 34 années révolues, passe de la qualité de réserviste de l’Armée active à l’Armée territoriale. Ils sont alors une 20aine de la commune dans ce cas, auxquels il faut ajouter les réservistes l’Armée territoriale, les plus âgés : les plus de 40 ans… Ainsi, notre homme ne sera réellement libéré du service militaire, que le 10 novembre 1921, à 46 ans. Certains, pendant la guerre, resteront incorporés jusqu’à leur 49e année…

Les territoriaux qu’on appellera familièrement les « pépères », n’ont pas vocation, normalement, en cas de mobilisation, à se retrouver sur le front…mais à effectuer des tâches diverses à l’arrière, telles celles qu’il va réaliser à partir de son arrivée au dépôt du 71e Régiment d’infanterie Territorial, le 6 août 1914, conformément aux indications de son livret militaire :

  • police de gare, services de gardes de voierie et ponts (ou GVC : tels Auguste Roger de Chanay, 36 ans, Daniel Audiot du Fourneau 44 ans ou encore de la même classe, Victor Soldet de La Chignardaie),
  • ravitaillement et soutien aux régiments en première ligne
  • ou encore défense des forts et places fortes (tel par exemple, Joseph Moutel, fermier au bourg, 35 ans…)

Pierre Garanger va suivre un autre parcours à partir de janvier 1917 : il intègre la 8e section d'infirmiers (ou SIM). Il en sera de même pour Louis Moutel de la Robinière, 37 ans, qui rejoindra la 5e SIM en aout 14, puis la 1e SIM jusqu’en mars 1917… Mais hélas, le parcours d'un homme appartenant à une SIM est des plus difficiles à établir. D’ autant que Pierre Garanger est resté en Zone intérieure durant toute la durée du conflit. Il était sans doute, par exemple, en service dans un des nombreux hôpitaux militaires de la 8e Région militaire (départements de la Nièvre, Cher, Côte d’Or et Saône et Loire). Il y restera un an, avant de terminer le conflit dans le 64e régiment territorial, basé à Nevers…avant de rejoindre la Borderie le 2 janvier 1919…

Pierre GARANGER, "pépère"  infirmierPierre GARANGER, "pépère"  infirmier
►Production de La Borderie à la fin de la Guerre, Recensement des céréales produites à La Borderie au 25 avril 1917 - Carnets de récolte 1917, Archives municipales, 3 F 33 / Recensement du bétail de Pierre Garanger, 1918 - liste nominative, statistiques agricoles, 1918, Archives municipales, 3 F 37
○ Pendant la Guerre, Marie doit gérer seule l’exploitation avec ses enfants, âgés de 10 ½  ans pour l’aîné louis  août 14. La famille installée depuis 1902 à La Borderie, route de Beauvau, exploite 15 ha : blé, orge (pour l’alimentation animale), pommes de terre…ils élèvent par ailleurs 4 vaches laitières (et 5 génisses) et 4 porcins (2 femelles pour la reproduction et 2 jeunes à l’élevage). C’est une ferme plutôt dans la "bonne  moyenne". 
Les documents ici présentés sont produits dans un contexte d’évaluation des ressources disponibles en temps de crise et de réquisition au besoin. On notera la signature de Marie, qui ne signe pas de son nom propre, mais sous le vocable de "f[emme] Garanger": elle n’est pas considérée comme chef de ménage, ni même d’exploitation... 
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